SPAL Ferrara : cent pour sang Italia

Facile vainqueur de Perugia (2-0), l’actuel dauphin de Frosinone est bien placé pour accéder à l’élite footballistique italienne. Avec 10 points d’avance sur le dernier club qualifiable pour les barrages et encore 15 matches à disputer, le club d’Emilie-Romagne pourrait atteindre la Serie A pour la première fois depuis 50 ans . Un parcours exceptionnel quand on sait que ce club évoluait avec les amateurs il y a encore 5 ans, que son budget est très modeste et que son effectif est composé exclusivement de joueurs italiens. Un anachronisme fort dans le football moderne puisque parfois des clubs n’hésitent pas à aligner des XI entièrement composés de joueurs étrangers. 

La vie n’est pas un long fleuve tranquille

L’origine du club provient de la création en 1907 par le prêtre Pietro Acerbis, issu de la confrérie cléricale des Salésiens, d’un cercle religieux-culturel dénommé « Ars et Labor ». Quelques années plus tard, le cercle devient le « Circolo Ars et Labor » auquel s’ajoute des activités artistiques mais aussi sportives comme l’athlétisme ou le cyclisme. La section football voit quant-à-elle le jour en 1913 et adopte le nom de Associazione Calcio Ferrara. Dès la fin de la Grande Guerre, en 1919, le club de football harmonise son nom avec la branche omnisport pour devenir la Società Polisportiva Ars et Labor.

Le club alterne alors le haut et le bas avec des passages dans les ligues régionales mineures puis enfin l’accession en Serie B en 1932 avant enfin d’accéder à l’élite pour la première fois en 1951 sous l’impulsion de son ancien entraîneur et président emblématique : Paolo Mazza. D’ailleurs, en son hommage, le vieux stade communal porte désormais son nom.

Paolo Mazza est un personnage haut en couleur du Calcio de l’époque. Modernisateur du mercato avec les présidents de Bologne et de Palerme, il est aussi bien un découvreur de jeunes talents qu’un relanceur de carrière avec le recrutement des joueurs sur le déclin connaissant une seconde jeunesse sous les couleurs de la SPAL. Ainsi des joueurs réputés comme Sergio Cervato, Osvaldo Bagnoli (coach du fameux titre de 1985 avec l’Hellas Verona), Gastone Bean ou encore Ottavio Bianchi (coach du Napoli auteur du doublé en 1987, vainqueur de la Coupe UEFA en 1989 et vainqueur de la Coupe d’Italie avec la Roma en 1991 ) se sont relancés à Ferrara.

Mazza a aussi lancé dans le grand bain plusieurs jeunes tels que les célèbres Edoardo Reja, Alberto Bigon, Fabio Capello ou aussi Luigi Delneri qui ont connu une belle carrière par la suite.

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Pensionnaires de la A pendant 14 ans, ils font l’ascenseur avec une relégation/promotion en deux ans. Mais après seulement trois petites saisons, le spectre de la relégation réapparaît à nouveau. Le club chute même en Serie C en l’espace de deux saisons après deux relégations consécutives. Depuis cette époque, la SPAL enchaîne, au fil des saisons, les passages entre Serie B et Serie C, sans jamais avoir réussi à retrouver l’élite.

Renaissance permanente

Au cours de son histoire, la SPAL a changé à plusieurs reprises de dénomination pour diverses raisons :

  • En 2005, lorsque le club connait une (première) faillite suite à de graves problèmes économiques. La SPAL 1907 est créée et repart en Serie C2.
  • Moins de dix ans après ce coup du sort, en 2012, la SPAL subit une seconde faillite avec dépôt de bilan. Le club est dissout. La Real SPAL naît alors et redémarre le championnat en Serie D, soit la cinquième division, une ligue amateur.

Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Tel le phénix, oiseau légendaire, la SPAL ne cesse de renaître de ses cendres depuis sa création originelle.

Un large consensus, incluant le maire de la ville de Ferrare : Tiziano Tagliani, l’actionnaire majoritaire de la SPAL : Roberto Benasciutti et les propriétaires du club de Masi San Giacomo : la famille Colombarini, est trouvé pour permettre au club de quitter le championnat amateur et participer au championnat de Lega Pro Seconda Divisione, l’équivalent de la quatrième division grâce à la fusion entre la Real Spal et la Giacomense  : la SPAL 2013 est née. Cette énième résurrection pourrait être la plus belle de l’histoire récente des Biancazzurri puisque le club est actuellement deuxième au classement de la B, qualificative directement pour la Serie A. Un vrai conte de fées.

Contre-courant

Depuis ce jour, les Spallini ont gravi les marches quatre à quatre passant en trois saisons de la Lega Pro à l’antichambre de l’élite, pour la première fois depuis 23 ans. Le club du président Mattioli est un Petit Poucet à ce niveau. Avec un budget compris entre 2,5 et 4,5 millions d’euros et 0 € pour les transferts, la SPAL a dû faire preuve d’ingéniosité pour composer son effectif, un effectif 100 % italien. Une tendance à l’opposé du foot business et de ce qui se pratique dans le Calcio où parfois nous assistons à des compositions composées uniquement de joueurs étrangers comme à l’Inter ou à l’Udinese. A tel point que certains jeunes joueurs italiens n’hésitent plus à raccrocher les crampons, faute d’avoir pu trouver du temps de jeu nécessaire à leur développement comme évoqué précédemment dans un article consacré à l’affaire Cardelli et aux jeunes Italiens :

L’équipe dirigeante composée d’ Alessandro Adreini (manager), de Davide Vagnati (Directeur Sportif), de Giacomo Laurino (responsable du recrutement) et de Leonardo Semplici (entraîneur) a bâti une équipe mixant expérience et jeunesse comme à la grande époque du Président Mazza. Les impératifs financiers et budgétaires ont accouché d’un recrutement malin et low-cost avec l’arrivée de joueurs en fin de contrat, prêtés ou en rupture de ban.

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Les vieux briscards Del Grosso (34 ans), Antenucci (32 ans), Floccari (35 ans) ou Arini (30 ans) alliés à l’insouciance des jeunes pousses tels que Meret, Marchegiani (le fils de Luca), Vicari, Bonifazi, Zigoni, Ghiglione et Lazzari réussissent une saison époustouflante. Quatrième défense et deuxième attaque du championnat, la SPAL est bien partie pour terminer au minimum en Play-Off. L’accession n’est pas du tout irréaliste elle qui était encore impensable au début de la saison.

50 ans après leur dernière participation à la Serie A, le club romagnol est en bonne position pour retrouver l’élite. Malgré des contraintes financières importantes, le staff a su bâtir une équipe atypique, mélange entre jeunesse et expérience. La SPAL en récolte les fruits. Une stratégie sportive innovante à l’heure du foot mondialisé qui nous montre la qualité de la formation transalpine, lorsque celle-ci bénéficie de la confiance et d’un temps de jeu adéquat pour évoluer et se révéler aux yeux du grand public.

@friulconnection

NDLA : Un grand merci à @sscnapoli2016 et son ami journaliste italien du Corriere dello Sport pour les précieuses informations concernant l’organigramme et le budget du club.

4 commentaires

  1. Super article les gars bravo ! Tres intéressant leur reussite en misant sur les jeunes italien si sa peut inspirer d’autre club comme La Spezia , en serie b aussi qui fait joueur pas mal d’etranger mais qui stagne toujours a la meme place depuis 2-3 ans dans le ventre mou ( play off l’année derniere) , un bon budget mais du mal a avancer .

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